Par Anne-Marie Rouillier, professionnelle de recherche au Lab PROFEMS
Le Laboratoire de recherche pour la progression des femmes+ dans les sports au Québec (Lab PROFEMS) est une unité mixte de recherche qui vise à faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes dans le système sportif québécois par le biais de recherches axées sur l’innovation technologique et sociale. Nous nous intéressons à des sports variés dont le cheerleading fait partie. De plus, l’équipe du Lab et nos proches collaborateur·trices réfléchissons à moult enjeux du monde sportif; l’équité, la diversité et l’inclusion dans les organisations sportives, la place des filles et des femmes dans le sport, le leadership féminin dans le milieu sportif québécois, l’inclusion des personnes de la diversité sexuelle et de genre, les hommes alliés en sport, etc.
En avril dernier, dans le cadre d’une recherche que nous menons sur la mixité des genres en sport (pour un petit résumé audio de la question, cliquez ici), j’ai eu l’occasion d’assister à la compétition Faucons Cheer à Lévis. Le soleil était radieux et les gens enjoués. Rapidement, j’ai pu constater à quel point l’esprit d’équipe était présent et les encouragements entre sportif·ves énergiques! Dès le stationnement – qui était alors comble – les « Go les girls! » et « Compé Time! » étaient partout sur les lèvres…et les véhicules! J’ai rapidement été étonnée de la belle diversité corporelle sur les tapis et de la présence d’équipes de sportives plus âgées, mais tout aussi motivées! L’animatrice présente soulignait d’ailleurs que le cheer, c’est une grande famille qui s’engage dans la discipline pour le plaisir. La clameur s’est alors fait ressentir dans la foule, presqu’autant que lors d’un fameux « Golden Buzzer »! Voilà, pour moi, une initiation à cet univers qui fut réussie.
Go les girls! » et « Compé Time! » étaient partout sur les lèvres…et les véhicules! J’ai rapidement été étonnée de la belle diversité corporelle sur les tapis et de la présence d’équipes de sportives plus âgées, mais tout aussi motivées! L’animatrice présente soulignait d’ailleurs que le cheer, c’est une grande famille qui s’engage dans la discipline pour le plaisir. La clameur s’est alors fait ressentir dans la foule, presqu’autant que lors d’un fameux « Golden Buzzer »! Voilà, pour moi, une initiation à cet univers qui fut réussie.
J’ai pu constater que le cheerleading est sans contredit une activité hautement athlétique, mais aussi artistique qui requiert une musicalité ainsi qu’une préparation physique et mentale impressionnantes, en plus d’un grand sang-froid pour effectuer des chorégraphies complexes et synchronisées. Stimulant l’esprit d’équipe, le dynamisme et la motivation à bouger, les jeunes (et moins jeunes) se joignant aux rangs d’équipes de cheerleading sont résolument nombreux·ses au Québec et plus largement.
Les vêtements portés par les cheerleaders participent à l’effet grandiose des prestations, notamment par les couleurs choisies, la brillance et la cohésion de groupe créée. La capacité à bouger avec aisance et à se sentir sûr·e de soi dans ses vêtements de performance sont essentiels. Dans le choix des uniformes, plusieurs réflexions sont à avoir en respect de la Politique de l’image de Cheer Québec et sont largement synthétisées dans le Guide d’accompagnement pour les uniformes aussi produit par Cheer Québec mettant de l’avant l’accessibilité, l’inclusion et la diversité corporelle chez ses sportif·ves.
Afin de réfléchir plus largement aux possibilités vestimentaires du cheerleading, voici quelques idées complémentaires à ce guide :
- Si cela s’avère possible, a-t-on discuté avec l’équipe pour connaître leurs préférences et idées originales? Parler en équipe de l’uniforme qui nous représente peut participer à consolider l’esprit de groupe et la complicité. De plus, écouter les préférences des autres peut nous permettre de mieux cibler nos propres goûts et besoins.
- Qu’en est-il de la couleur des vêtements? Au-delà des couleurs spécifiques à une équipe ou une école, leur placement sur le corps peut être réfléchi. À titre d’exemple, les athlètes seront-elles à l’aise dans un cuissard de couleur pâle si elles sont menstruées? Craindront-elles qu’on voit leurs sous-vêtements à travers le pantalon? À cet égard, le vêtement de performance doit permettre le port de sous-vêtements adaptés au besoin de l’athlète. Par exemple, est-ce que le dos nu du chandail permet le port d’un soutien-gorge de sport qui sera discret pour un·e athlète ayant besoin de ce support?
- Est-ce que l’on offre des options dans la longueur du pantalon? Tout en conservant des couleurs uniformes pour toustes, il est possible d’offrir une gamme allant du micro-short (respectant le minimum de 2 pouces d’entre-jambe réglementaire) au cuissard plus long pour que toute personne —- peu importe son expression de genre, son format, etc. — se sente à l’aise. La jupe peut être proposée en option et non obligatoire si une personne ne désire pas la porter. Certaines personnes adorent porter le vêtement court et ajusté, d’autres désirent rallonger le tout et c’est parfait ainsi!
- En complément, est-ce que l’uniforme choisi permet à des athlètes de différentes tailles de se sentir bien et confiant·es? Que ces personnes soient de forte taille, de petite taille, plus grandes que la moyenne, plutôt petites, avec ou sans poitrine, des options doivent être mises à la disposition des athlètes, par exemple grâce à des altérations par un·e couturier·ère. Ces options peuvent être harmonieuses et garder l’esprit d’équipe prégnante.
- Enfin, comment accueillir les coupes de cheveux moins habituelles? Cheveux courts et undercuts par exemple, sont-ils les bienvenus? De même, un·e athlète aux cheveux crépus doit pouvoir trouver un style qui convient à l’équipe et à son unicité tout comme l’athlète portant le hijab sportif. S’ouvrir à la diversité ne peut que renforcer l’originalité et la force d’une équipe!
S’assurer que des options sont disponibles pour tous les corps en accord avec la sécurité et les spécificités de la pratique est une clé pour l’épanouissement sportif. Et si parler d’uniforme c’était aussi une façon d’ouvrir la discussion sur l’équité des genres, le consentement et les limites de chacun·e par rapport à son propre corps?
Au surplus, afin de favoriser l’épanouissement et la rétention de plus d’athlètes en cheerleading, il semble pertinent de penser les coûts des uniformes de façon à ce qu’ils soient abordables et que les familles moins nanties aient accès à une aide à cet égard.
C’est une joie, dans les championnats, de voir de belles pratiques d’ouverture et d’adaptation aux athlètes prendre forme! Célébrons la diversité corporelle et le plaisir de bouger ensemble!
Anne-Marie Rouillier, professionnelle de recherche au Lab PROFEMS
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